Tous les fabricants de meubles ne sont pas suédois .

Installés dans une maison meublée, nous n’avons pas eu besoin de nous équiper beaucoup. L’essentiel était là, mais il manquait des rangements pour nos affaires : une penderie, un bureau, un meuble à étagère et une table de nuit.

Il y a à Majunga plusieurs magasins de meubles et des échoppes installées dehors, au bord des routes. Les meubles sont posés sur le bas-côté. La plupart sont en bois précieux comme le palissandre. La majorité est fabriquée à la main et ils sont souvent très lourds. Par exemple, il n’est pas toujours facile de bouger une chaise d’une seule main !

Etant donné que nous ne sommes, à priori, pas ici pour très longtemps et que nous n’emporterons pas ces meubles quand nous rentrerons, il ne nous semblait pas nécessaire d’acheter de si beaux meubles. Nous sommes donc partis en quête de mobilier de fabrication simple, en bois plus léger.

Un samedi matin, nous sommes entrés dans 2 magasins, avons discuté dans un atelier en plein air sur le bord d’une route. Nous avons aussi cherché dans le quartier où les échoppes de meubles sont les unes à côté des autres … Aucun meuble correspondant à ce que nous souhaitions n’existait. Mais nous avons vu une table qui nous convenait pour servir de bureau. Elle était juste un peu trop grande. La dame qui tenait l’échoppe ne parlait pas français et nous ne comprenons pas le malgache ( pas encore …. nous prenons des cours ! ). Mais nous avons réussi à nous mettre d’accord sur un format, un prix et elle nous a dit de revenir dimanche à 15 h pour récupérer et payer le meuble.

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Dimanche dernier me voilà donc partie, à mobylette, pour récupérer la table. J’étais un peu sceptique, les boutiques sont fermées le dimanche. J’étais seule, « Grand V » étant parti à Tananarive pour un stage de 3 jours.  J’étais presque sûre de me déplacer pour rien et de revenir comme j’étais arrivée : les mains vides. Et puis ramener une table à mobylette ….

Mais la table était là, sur le stand. Mais il n’y avait personne. Un monsieur est alors sorti de nulle part, visiblement missionné pour me guetter, car après s’être assuré que je venais bien pour la table, il a disparu et quelques minutes après la dame de la veille, accompagnée de son mari, est arrivée.

J’ai payé la table, ils ont négocié le prix du transport en pousse-pousse et nous sommes tombés d’accord. Mais avant de partir, je me suis dit que puisque ces gens étaient de confiance sur les délais, je pouvais peut-être leur commander le reste des meubles dont nous avions besoin. Sauf que passer une commande, lorsqu’on ne parle pas la même langue n’est pas si facile. J’ai donc dessiné la penderie, puis le meuble à étagères mais ils me posaient des questions et cela devenait un peu compliqué. J’ai alors remarqué un monsieur qui nous observait, un peu à l’écart. Je lui ai demandé si il pouvait traduire pour nous et il était d’accord. Les choses sont parfois très simples lorsqu’on pose les questions et qu’on demande de l’aide. Du coup, j’ai pu passer ma commande, convenir des délais, du prix, de tout  …. Cela a pris du temps mais ce fut plutôt simple finalement. Et agréable … Et amusant !

Ensuite, il a fallu indiquer au menuisier où livrer la table. Il n’y a pas d’adresse véritable ici. Chaque quartier porte un nom mais personne n’utilise celui des rues, quand il y en a, et les maisons ne portent pas de numéro. D’après moi, le plus simple était donc que le pousse-pousse me suive, tandis que je roulerai au pas. Mais ça, c’était la solution « vazaha » ! Pas terrible … Toujours avec l’aide du traducteur et grâce à la carte de Majunga que j’ai achetée à l’office du tourisme (et dont ils ignoraient l’existence) nous avons convenu que j’attendrai à un croisement.

J’y suis allée tranquillement, j’en ai profité pour découvrir des itinéraires que je ne connaissais pas. Je pensais bien que ce monsieur, à pieds, irait beaucoup moins vite que moi. Arrivée au croisement, je me suis assise dans l’herbe et j’ai attendu. Pas si longtemps, 15 minutes environ. Et j’ai vu arriver le menuisier. A pieds. Avec la table sur la tête ! Pour économiser la location du pousse-pousse certainement.IMG_1079

Il m’a suivie jusqu’à la maison et nous nous sommes dit « à mardi » pour la réception de la penderie. J’ai transporté la table dans la maison, sur ma tête, pour essayer… Elle était légère. Mais je n’ai pas fait 7 kilomètres !

Le mardi, je suis revenue. Il n’y avait personne ! Et pas de penderie sur le stand ! J’ai questionné les commerçants des échoppes à côté, et puis un peu plus loin, et puis de l’autre côté de la rue… personne ne savait où se trouvaient mes vendeurs. Mais on m’a conseillé d’attendre, ils allaient revenir. Mora mora…

Effectivement, au bout d’une dizaine de minutes, j’ai vu le menuisier et sa femme arriver avec la penderie. Après avoir vérifié qu’elle convenait et payé le prix du pousse-pousse, ils m’ont dit de partir. J’ai laissé faire et je suis rentrée chez moi. 30 minutes plus tard, le menuisier est arrivé, avec la penderie accrochée sur le pousse-pousse. Trempé ! Il fait vraiment chaud ! Je lui ai offert à boire et nous nous sommes dit « à demain » pour la réception du meuble à étagères et de la table de nuit.

Mercredi, me voilà de retour, avec « Petit V », à la sortie de l’école. La dame était là, mais pas les meubles. Elle me fait comprendre que je dois attendre un peu, son mari a presque terminé. J’ai le temps d’aller faire une course. Nous partons donc dans le marché tout proche en quête de tissus qui nous servirons à protéger nos affaires de la poussière. Il y en a beaucoup, de très beaux.

Après ces emplettes, nous sommes de retour, le meuble est là aussi. Le menuisier s’excuse, il n’a pas eu le temps pour la table de nuit. Le meuble à étagère est très joli mais il me semble beaucoup moins large que ce que j’avais commandé. Nous voilà dans une situation difficile … nous avons du mal à nous comprendre. Mais, tout problème a une solution, la dame part chercher notre traducteur du premier jour. Il travaille tout près il me l’avait dit. Nous discutons, nous mesurons, nous dessinons …. 78 cm de large contre 120 à la commande ! Ce n’est pas grave dit le menuisier : « Si ce meuble ne convient pas j’en fais un autre… » Mais il faut attendre vendredi et il vient tout livrer directement à la maison, à 15h.

Effectivement, depuis vendredi 15 h, nous avons tous nos meubles. La table de nuit, que le menuisier a souhaité concevoir selon son envie, possède une porte avec une clé, dont il était très fier et que « Petit V » trouve formidable. L’autre meuble est très beau, exactement de la bonne dimension. Nous les avons tous remplis au fur et à mesure, ravis de vider nos valises. Nous sommes installés … C’est bon !

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Maintenant, il va falloir trouver la couturière qui va faire les ourlets des nos beaux tissus … Une nouvelle aventure ?

2 réflexions sur “Tous les fabricants de meubles ne sont pas suédois .

  1. Tu nous racontes une bien belle histoire vraie, à coucher sur du papier pour en tirer un joli livre, c’est magique, on est tellement loin de ce fonctionnement en France, ce menuisier, ces meubles, vos meubles, les tractations, le transport, les délais 😊

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  2. J’ai commandé un miroir sur le site « Delamaison.fr »…. j’ai attendu 1 mois, il est arrivé brisé. Un nouvel envoi et un autre mois plus tard, le miroir, en entier cette fois-ci.
    J’ai mis 2 mois pour recevoir un miroir de 80cm de diamètre, qui est venu par avion, container, camion, etc. en dispersant moult gasoil / kérozène. Et tu as mis à peine une semaine à réceptionner tout un lot de meuble fabriqué sur mesure… à pied ou… à « tête ». Je me demande si le pays dit « sous développé » est bien celui que l’on croit…
    Merci pour ces récits qui nous font rester les pieds sur terre / la tête sur les épaules ??
    Véro Del

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