Pas seulement un roman d’Albert Camus …

Comment se fait-il que nous ayons eu autant de temps libre ces derniers temps ?

Le motif est regrettable et il n’est pas facile d’écrire sur le sujet. Je ne vis pas depuis assez longtemps à Madagascar et je ne suis pas suffisamment documentée non plus. Je vais donc me contenter d’un récit qui rend compte de nos impressions plus que de la réalité, mais le plus objectif possible.

Depuis le 6 octobre,  notre établissement scolaire est fermé par mesure préventive, en raison de l’épidémie de peste qui a débuté à Madagascar au mois d’août. C’est également le cas de toutes les écoles malgaches ici et à Antananarivo.

Nous avons commencé à entendre parler de cette épidémie fin septembre. Nous ignorions que cette maladie est encore présente, de nos jours, dans le pays et que chaque année, il y a une épidémie. En général, celle-ci commence vers le mois de novembre et se limite à une ou deux localités. Toujours les mêmes. Cette année les gens semblaient plus inquiets (dans les médias, du moins). Cela s’explique par le fait que l’épidémie à commencé dès la fin du mois d’août et que des cas ont été relevés dans des villes inhabituelles. Il y avait un plus grand nombre de malades également. La peste peut avoir 2 formes : bubonique ou pulmonaire. La première se transmet par les puces infectées par les rats. Elle est donc plutôt présente dans des zones insalubres. La deuxième forme est la plus dangereuse. Elle se transmet d’homme à homme par les postillons. Non soignée, elle peut être mortelle en 2 jours.

Un médecin est venu à  l’école pour informer les enseignants. Il semble impossible de passer à côté des symptômes quelque soit la forme de peste, car ils sont violents et accompagnés de fortes fièvres. Les traitements sont disponibles et gratuits, je n’avais croisé aucune puce ni aucun rat jusqu’alors. Nous n’étions pas inquiets.

Mais le nombre de cas était en hausse, surtout dans la capitale avec un nombre important pour la forme pulmonaire, la plus contagieuse. Pour éviter que l’épidémie ne se propage davantage, les autorités malgaches ont donc décidé de fermer les établissements scolaires. A Antananarivo d’abord et assez rapidement, Majunga a suivi. Au départ, seuls les établissements malgaches ont fermé puis l’ambassade de France a demandé que les établissements français suivent également cette recommandation.

Notre école a d’abord fermé une journée pour « désinsectisation ». C’était un vendredi et nous avons accueilli cette journée chômée comme une bonne surprise, malgré le motif. Le lendemain, nous avons appris que la fermeture se poursuivrait toute la semaine suivante. Notre état d’esprit a alors changé. Une semaine de fermeture, ce n’est pas rien. C’est très rare. Nous ne nous sentions vraiment pas exposés à la maladie, nous savions quelle conduite tenir mais une telle décision n’est pas anodine. Fallait-il craindre quelque chose ? La question nous effleurait parfois mais au quotidien, rien n’a changé pour nous. A part les employés de la banque qui portaient des masques. Nous avons profité de cette semaine libre pour poursuivre notre installation, aller à la plage, se mettre à jour dans la préparation des cours, envisager le programme des vacances à venir …

Dès que nous en avons eu l’occasion, nous avons discuté avec des malgaches pour connaître leur ressenti. Peu étaient inquiets, beaucoup avançaient des théories de chiffres manipulés …. Ce n’était toujours pas inquiétant pour nous-mêmes.

Mais après une semaine de fermeture, nous avons appris que celle-ci était renouvelée pour une semaine supplémentaire. Cela est devenu préoccupant, plus pour le déroulement de l’année scolaire que pour notre santé. Mais ce sont plutôt des considérations administratives.  D’autres informations pouvaient être alarmantes : le classement en épidémie de grade 2 par l’OMS, la fermeture des lignes aériennes au départ de Madagascar pour certaines compagnies… Jamais je n’ai craint pour nous mais certains de nos collègues commençaient à paraître inquiets.

Cette fois, l’établissement était ouvert aux enseignants. Il aurait fallu semble-t-il que nous nous soumettions à une prise de température à notre arrivée sur place. Or les kits sont arrivés mercredi. Accompagnés de 20 masques pour 80 membres du personnel. Je suis allée travailler presque chaque jour, mais à mon rythme et sans élèves. Aujourd’hui, nous avions rendez-vous avec les parents de nos élèves pour transmettre des cahiers, des recommandations, pour rassurer, discuter, garder le contact. Deux semaines de fermeture suivies de deux semaines de vacances : le 6 novembre ce sera pour nous comme une seconde rentrée.

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A priori, l’épidémie est en recul, il y a tout de même eu environ 900 personnes atteintes dont 60 sont décédées. Ces chiffres sont contestés, certains parlent de rumeurs …. Ma certitude, c’est que cette maladie que je pensais réservée aux livres d’histoire touche encore des gens au XXIème siècle. Des gens qui vivent, pour la plupart, dans des conditions sanitaires plus que déplorables. Conditions que je ne peux qu’imaginer car même si Mahajanga compte des zones assurément très insalubres, je ne les ai pas vues car je n’y vais pas. Alors, sans crainte pour notre propre santé, cela reste un sujet préoccupant.

Pour plus d’informations, les liens vers le site de l’institut pasteur de Madagascar.

http://www.pasteur.mg/fiche-dinformations-sur-letat-de-la-peste-a-madagascar-3/

http://www.pasteur.mg/synthese-resultats-biologiques/?utm_source=pasteurMG&utm_medium=home

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