Gasy foil

Pendant nos vacances à Diego, des conversations avec des « vazahas » installés depuis longtemps, connaisseurs du savoir-faire et des ressources humaines malgaches, ont fait germer des idées dans la tête de « Grand V ».

Parmi nos nombreux bagages, nous avons emporté à Madagascar un foil, pour permettre à « Grand V » de naviguer en kite même lorsque le vent sera faible à Majunga. C’est un objet très précieux pour lui, car introuvable, donc irremplaçable ici. Le sien est en carbone. Très résistant mais à la fois fragile en cas de choc.

Pour le moment, il ne sait pas l’utiliser, mais au cours de ses navigations, « Grand V » a vu à la surface de l’eau beaucoup d’OFNI : des Objets Flottants Non Identifiés qui lui font craindre la casse de son matériel en cas d’impact.

La solution lui est apparue au cours d’un conversation. Nicolas lui a dit : « Pourquoi tu ne t’en fais pas fabriquer un en alu ? » L’idée est bonne, mais comment faire ? Facile ! A Madagascar, des ouvriers utilisent de l’aluminium de récupération pour fabriquer des marmites et d’autres ustensiles de cuisine. Ils le refondent et utilisent des moules à modèle perdu, en sable.

Voilà encore quelque chose que nous ignorions complètement…. Mais l’idée a pris forme petit à petit dans sa tête : réaliser un foil en aluminium en utilisant le sien en carbone comme base.

A peine étions nous rentrés que « Grand V » s’est mis en quête de l’endroit de Majunga où les marmites sont fabriquées. Il a questionné, écouté, fait fonctionner le bouche à oreille, circulé, trouvé un endroit qui n’était pas le bon, re-questionné, suivi une nouvelle piste puis a finalement demandé à un vendeur de marmites d’où venaient celles-ci. Il est retourné tout près de l’endroit indiqué au départ. Il a tourné dans un quartier, demandé son chemin, tourné encore et finalement il a trouvé l’endroit. En seulement 2 demi-journées !

Il a pu voir le procédé utilisé dans cette fonderie familiale. Mais personne ne parlait suffisamment bien français (et que dire de son malgache … ) pour qu’il puisse présenter son projet. Rendez-vous a été pris pour le lendemain.

J’ai accompagné « Grand V » car découvrir un savoir-faire complètement inconnu et voir d’un peu plus près la vie malgache m’intéresse. Et puis il fallait bien que quelqu’un tienne le précieux modèle pendant le trajet !

Nous sommes arrivés dans un quartier très populaire. L’atelier de fonderie se trouve derrière la maison en tôle. Entouré d’autres maisons identiques. Il est clair que les gens vivent avec très peu de moyens et que les vazahas de passage sont rares par ici. Le neveu du propriétaire de l’atelier, élève de terminale, était là comme interprète. Très agréable et aussi curieux que nous de faire connaissance. La famille autour de nous était nombreuse, attentive et aimable. Un peu surpris par cet objet apporté par le Vazaha et par son usage. Comment ne pas les comprendre ? Pour quels extra-terrestres devons-nous passer auprès d’eux ?

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Les discussions ont été longues. Il a fallu s’expliquer, se mettre d’accord, déterminer les exigences et les possibilités, la matière première utilisée et sa qualité, s’entendre sur le prix. « Grand V » n’a pas voulu laisser son prototype pour la réalisation du moule en bois. Trop précieux ! Mais le fondeur a bien compris que ce n’était pas un manque de confiance, plutôt une difficulté à se détacher d’un objet rare ici. Nous avons laissé une avance. Et un rendez-vous a été pris pour une matinée de la semaine à venir, afin de réaliser l’objet. C’était pour moi un jour travaillé, un peu frustrant de ne pouvoir être là pour découvrir des gestes techniques inconnus et partager un moment de vie.

Le jour dit «Grand V » s’est rendu à l’atelier de fonderie. Le fondeur, le jeune traducteur et la famille au complet étaient là. Prêts. Il est revenu ravi, le prototype avait été réalisé. Environ 4 heures de travail, résumées dans le film de 6 minutes qui suit. Il a récupéré l’objet après ponçage et le résultat lui donne satisfaction. Sera-t-il utilisable ? Cela reste encore à prouver car le poids du modèle « alu » est bien supérieur à celui en carbone.

Mais depuis, il s’entraîne chaque fois que son emploi du temps le lui permet…

Pour l’histoire de la 2CV qui était dans la cour de la fonderie …. ce sera une autre fois !

3 réflexions sur “Gasy foil

  1. Bravo pour ce reportage au cœur de l’artisanat local. Cette technique de moulage est toujours utilisée sous nos latitudes pour des prototypes,( avec le sable ou la cire perdue ), mais les conditions et l’environnement du travail que tu nous exposes existaient au 19 ème siècle.
    Souhaitons à « Grand V » beaucoup de plaisir à utiliser cet objet unique fait main.
    Bisous à vous trois.
    Guy-Annie

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  2. Pingback: Vita Madagasikara* | 3 x 3 = Mada

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