A l’occasion de la commémoration de l’Indépendance de Madagascar, le 26 juin, nous avons pu profiter d’un week-end de 4 jours. Une belle occasion de découvrir, encore un peu plus, les alentours de Majunga. Cette région mérite vraiment d’être parcourue mais beaucoup d’endroits sont difficiles à atteindre alors tout semble très loin. Les routes et les moyens de transport malgaches sont ce qu’il sont…
De longs trajets sur les pistes occasionne de la fatigue et nous avions envie de calme plutôt que de bruit de moteur et de poussière. Nous nous sommes donc embarqués sur une pirogue avec un guide et deux matelots : Vazaha (son surnom car sa peau est claire), le capitaine et Saada.
Notre guide nous avait parlé d’une belle pirogue en fibre, pas très grande mais confortable, équipée d’un moteur 40CV. Il s’est occupé de nous fournir des tentes, des matelas et de quoi cuisiner. D’après lui, nous allions pêcher à la traîne durant les moments de navigation et pourrions manger du poisson grillé chaque soir. De notre côté nous avons fait nos courses alimentaires pour les 4 jours : 5kg de riz, une commande spéciale de 100 biscuits chez le monsieur qui fabrique et vend gâteaux et viennoiseries près de la maison, des tomates, des concombres, des ananas, du thé, du café, quelques boites de sardines, du fromage d’Antsirabé et du fromage « Zébu qui rit », un peu de pain et évidemment du « sakay » (la sauce pimentée locale). Et voilà ! Nous devions respecter les fadys (tabous) sakalavas de la baie de Boeny : la viande de porc et les pistaches sont interdites (pistache = cacahuètes à Madagascar).
Le samedi, à 6 heures, nous étions sur la plage devant la maison, prêts à partir. La pirogue est arrivée, pas si belle que dans notre idée, avec un moteur de 20CV mais suffisamment grande pour nous et nos affaires.
7 mètres ce n’est pas très grand, surtout pour 7 personnes. La pirogue est plutôt étroite mais nous pouvions être assis, deux côte à côte, au milieu. A l’opposé du balancier, deux poutres en bois, disposées en triangle servent de contrepoids et sont tendus d’un filet qui offre une place plutôt confortable. « Vazaha » le capitaine nous a vite expliqué où chacun pouvait s’installer pour assurer l’avancée la plus optimale.
Une fois calés, à l’horizontale ou presque, à l’ombre de notre chapeau, nous n’avions plus rien à faire qu’attendre. Regarder les vagues créées par le bateau, saluer les pêcheurs que nous croisions, observer la côte que nous longions, apprécier le souffle de l’air et le silence sous la voile, nous laisser bercer par le mouvement. C’était vraiment agréable ! Nous nous sommes laissés gagner par le sommeil à plus d’une reprise … Parfois de manière inattendue. « Petit V » couché sur le ventre sur le filet s’est endormi en laissant traîner sa main dans l’eau, pendant presque une heure.
Vers midi, nous nous sommes arrêtés sur l’ilôt d’Antsoheribory, sur lequel subsistent encore des vestiges des comptoirs commerciaux arabes du XVIème siècle. Des épices, du bois, de l’or … contre des esclaves. L’ilôt est sauvage et sec. Beaucoup de baobabs y poussent. La nature a repris ses droits au milieu des ruines.
Nous somme repartis après un pique-nique et nous avons vogué tout l’après-midi. Le vent de face, à la fin, a freiné notre avancée et nous a obligé à nous arrêter avant l’endroit prévu. A 18h00, il faisait nuit mais nous avions installé notre campement sur le sable. Nous avons bu un verre de rhum pendant que le riz cuisait. Puis l’heure du dîner est arrivée … mais sans poisson grillé car aucun n’avait mordu.
A 20h, tout le monde était couché. La lune, aux trois quarts pleine et les nombreuses étoiles, se reflétaient sur l’océan. Le bruit des vagues et du vent chantaient une douce berceuse. Le sommeil ne fut pas long à venir. A 6h00, nous étions suffisamment réveillés et reposés pour profiter du spectacle du lever de soleil. Sa lueur rendait la mer orangée et déjà les bateaux de pêcheurs étaient sur l’eau. Notre pirogue par contre, étaient échouée, à marée basse. Il nous fallait attendre que l’eau arrive pour pouvoir repartir.
Le deuxième jour, nous devions atteindre la ville de Soalala. Nous avons dépassé le cap Tanjoana tôt dans la matinée et le vent nous poussait dans le bon sens. Le long de la côte plages et mangroves se succédaient. Nous nous sommes éloignés vers le large. Au loin les gros crevettiers étaient au travail. Ils appartiennent à des compagnies chinoises et embauchent des marins malgaches. Ces navires pêchent en tirant derrière eux un chalut. Le tri s’effectue après. Nous avons donc vu flotter beaucoup de petits poissons morts, rejetés car inutiles. Toutes les crevettes pêchées partent à l’exportation. Le profit de la pêche ne revient pas au peuple malgache, comme pour tant d’autres ressources du pays. Nous avons laissé filer la journée entre siestes, réflexions, discussions, l’esprit beaucoup tourné vers notre retour en France pour les vacances. En anticipant le plaisir de retrouver nos proches.
Et puis dans l’après-midi, la discussion entre nos 3 membres d’équipage nous a mis la puce à l’oreille même si nous ne comprenions pas tout. Nous avons tout de même compris que notre destination envisagée, Soalala, était encore très loin et qu’il fallait ajouter des jours à notre périple … Impossible évidemment ! Mais ce qui était étonnant, c’est que personne ne nous consultait … Il a fallu que nous posions des questions pour nous apercevoir que notre capitaine n’était jamais allé à Soalala et qu’il ne savait pas combien de temps nous pouvions mettre exactement. Pour lui ce n’était pas grave. Puisque nous voulions y aller, nous allions y aller, tant pis si nous partions plus longtemps que prévu. Les échelles du temps malgache et vazahas sont différentes ! Nous avons donc pris la décision de faire demi-tour, de trouver un bel endroit pour dormir. Puis de rejoindre le lendemain Nosy Makamba, l’île aux crevettes, que nous avions dépassée la veille.
Quelle chance pour nous de trouver cet ilôt. C’est une zone de pêche réputée pour les pêcheurs nomades du secteur qui s’y installent parfois pendant 3 mois. Notre capitaine nous a expliqué qu’il y vient, pêche, fait sécher les poissons. Chaque semaine des collecteurs passent et achètent les poissons frais. La vente des poissons séchés revient directement au pêcheur lorsqu’il rentre à terre.
Fête nationale oblige, aucun pêcheur n’était installé. Nous étions seuls, quel privilège ! Nous avons pêché et nagé au large. Pas de beaux fonds à observer (le passage des chaluts?) mais une pêche fructueuse. Notre dernier repas fut très copieux : du riz et des poissons grillés ou en sauce cuisinés par notre équipage. Un régal !
Le lendemain, nous sommes partis explorer, le petit massif dominant l’île et ressemblant un peu au cirque rouge de Majunga. Pas de sentier, des herbes hautes … de quoi nous croire de vrais aventuriers !
Notre dernière journée de navigation nous a ramenée à la maison. Il y avait très peu de bateaux. Tous les pêcheurs fêtaient le 26 juin. Vue de la mer, la plage était pleine de pirogues.
Notre objectif ne fut pas atteint, nous avons du renoncer à nous rendre à Soalala. Mais comme le dit le « proverbe : « L’important, ce n’est pas la destination. L’important c’est le voyage. » Nous avons tous beaucoup apprécié ce week-end à rallonge. 4 jours qui nous ont semblé aussi dépaysants et reposants que 2 semaines de vacances.
La vidéo qui suit a été réalisée par « Petit V ». Nous n’avons pas réussi à harmoniser les différents formats de vidéos … Pardon !