Katsepy et Antrema

De l’autre côté du fleuve Betsiboka, face à Mahajanga se trouve le village de Katsepy et son phare. Chaque soir, nous voyons sa lumière qui indique l’entrée de la baie de Bombetoka aux marins.

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Par deux fois nous nous sommes rendus dans ses alentours et à chaque fois, ce fut une belle découverte. Katsepy est considérée comme une ville mais c’est une toute petite localité. La nature qui l’entoure est riche et diverse. C’est le point de départ de circuits de découvertes aventureux. Pour s’y rendre, il est possible de traverser la Betsiboka avec une vedette rapide, le bac ou d’user des services de piroguiers pêcheurs. Nous avons testé les deux possibilités. La première permet de faire l’aller-retour dans la journée. La dernière est plus locale, plus lente mais aussi plus typique et nous a offert d’aller un peu plus loin, au sud, sur la côte, jusqu’à la réserve d’Antrema.

 

Cette réserve est un site bioculturel protégé, qui présente plusieurs écosystèmes typiques de la côte nord-ouest de Madagascar. Il est majoritairement recouvert par différentes espèces de palmiers (dont le Raphia Farinifera). Les mangroves et les forêts sèches abritent plusieurs espèces de lémuriens dont le fameux « sifaka couronné ». Les propithèques couronnés sont considérés par les sakalavas d’Antrema comme étant les représentants de leurs ancêtres. Ils sont donc protégés par leur culture et placés sous la surveillance du Prince Tsimanendry. Nous avons pu en croiser plusieurs autour du « Doany » du Prince qui était absent lors de notre visite. Sinon, tous les visiteurs doivent lui être présentés. Les populations vivent dans la réserve selon les traditions sakalavas. Plusieurs fadys devaient donc être respectés. Interdit d’emporter dans notre pique-nique de la viande de porc, des arachides et du gingembre !

 

Antrema collabore avec l’université d’Antananarivo et est administrée par le muséum d’histoire naturelle. Nous y avons croisé des étudiants chargés de faire des prélèvements de plantes afin d’établir si de nouvelles espèces pourraient être répertoriées et si celles déjà connues se développent.

Le « camp de base », situé proche de la plage et d’un village, permet de camper et de pique-niquer. Il est le point de départ de nombreux circuits. Nous en avons choisi un qui nous a mené à pieds à travers la forêt sèche, jusqu’à un village où nous avons pu nous promener, nous baigner dans une rivière, rencontrer des tresseuses de paniers destinés aux pêcheurs de crabes de mangrove.

 

Cette promenade fut très agréable et les lémuriens étaient au rendez-vous. Toujours aussi drôles à observer !

 

Nous étions bien fatigués après une traversée en mer puis une balade mais la nuit sous la tente fut plutôt inégale. « L », notre vahiny du moment a dormi approximativement « 3 fois 5 minutes » (selon une expression bien connue dans mon entourage) son 1,85m ayant du mal à contenir dans le 1,70m de la tente. « Grand V » s’est endormi comme une pierre puis fut réveillé par une planche. Emportée par le vent de l’orage, elle vint atterrir sur sa tête ! « Petit V » lui, n’a rien entendu ou presque. Quand à moi, je me suis accommodée du confort sommaire du tapis de sol en changeant de position lorsque le sol se faisait trop dur. L’orage fut plutôt bienvenu car il nous apporta de la fraîcheur.

 

Le lendemain, nous avons repris la pirogue pour rejoindre le phare de Katsepy. Les conditions de vent et la marée n’ont pas permis à l’équipage de nous déposer juste au pied du phare. Nous avons donc marché sur la plage un moment avant de rejoindre Sylvain, le gardien du phare. La plage peut sembler déserte lorsqu’on longe la côte mais en fait, des villages se cachent derrière les dunes. Ce week-end là, c’était apparemment le bon moment pour la pêche aux crevettes car nous en avons vu beaucoup, des petites, séchant, étalées en carré sur la plage.

 

Sylvain est gardien de phare, comme l’était son père et son grand-père avant lui. L’allumage et l’extinction de la lentille sont automatiques. Mais il doit monter chaque matin pour fermer les rideaux des fenêtres et remonter chaque soir pour les ouvrir. Cette précaution doit être prise pour ne pas créer d’incendie à cause de l’effet loupe produit par le soleil au travers de la lentille. A l’époque de son grand-père, les colons étaient en place et ce dernier avait été formé dans plusieurs phares en Bretagne. Il a ensuite formé son fils qui a lui-même formé le sien.

 

 

Haut de 40 mètres, il a été construit au début du 20ème siècle, conçu par des ingénieurs français. Il est appelé phare « Eiffel » mais je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que la tour est en métal ?

 

Depuis les deux galeries, la vue est superbe sur les alentours.

A la redescente, Sylvain nous a emmenés voir les sifakas couronnés et les lémurs mongoz qui vivent dans la forêt de manguiers derrière sa maison.

 

Lors de cette deuxième visite, nous avons rejoint notre pirogue et avons pris la route du retour vers Mahajanga. Ce fut un peu périlleux au démarrage car les vagues secouaient l’embarcation et le vent n’était pas au rendez-vous pour nous permettre de rejoindre rapidement le large. Mais l’équipage connaît son métier et nous avons fini par partir. Le retour fut bien plus long car sans vent, il est difficile de faire avance un bateau à voile, n’est-ce pas ? Le trajet nous avait pris 1h30 à l’aller mais nous avons mis 4 heures au retour. A un moment, comme collés sur une mer d’huile, nous avions l’impression de cuire au soleil. Seul « Petit V » s’est jeté à l’eau et s’est baigné entre la pirogue et le balancier mais je crois que nous l’avons tous envié !

La première fois que nous nous étions rendus à Katsepy, nous avions visité le cirque bleu, qui se trouve presque au pied du phare. C’est un cirque d’érosion naturelle, (comme le cirque rouge qui est tout près de chez nous et qui sera l’objet d’un autre article…). Les argiles sont de teintes très différentes : du blanc à l’ocre et même un peu de bleu clair, de vert ou de mauve. Il y a de petites cheminées de fées dues à l’érosion. C’est très beau.

 

Ensuite, nous avions rejoint le village, en longeant les plages. 3 heures de marche environ Elles nous avaient parues longues car il faisait très chaud, nous avions mal choisi notre horaire mais les paysages étaient très beaux. Les criques s’enchaînent, parfois longées par de plus petits cirques ou des roches de teintes diverses. Ce jour-là la mer était très rouge, très chargée en latérite, elle semblait presque épaisse. Cela ne donne pas très envie de se baigner mais c’est plutôt beau à regarder.

 

De retour au village, nous avions déjeuné chez « Madame Chabaud », un établissement faits de bungalows et où la cuisine est très bonne. Madame Chabaud possède aussi un restaurant en ville et les repas sont toujours délicieux. Ce jour là, nous avions mangé du tartare de crabe, des crevettes à l’ail, du ravitoto qui est le plat malgache typique et tout était très bon ! Il faudrait d’ailleurs que je consacre un article à la cuisine malgache … Il y a beaucoup à dire.

 

Nos aventures de l’autre côté de la baie se sont arrêtées là. Pourtant, je sais que dans le même secteur se trouvent les tsingys de Namoroka, le lac Kinkony, la réserve de la baie de Baly et tous ces endroits méritent d’être découverts car ils sont encore assez peu touristiques car difficiles d’accès. Peut-être irons-nous plus tard …

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